• Jeudi 24 mars 2011

    Une nouvelle journée de transfert nous attend aujourd'hui pour nous rapprocher des parcs et de notre prochaine estancia. Nous embarquons donc à bord d'un bus de ligne à 9h du matin en direction de Puerto Natales et du fjord d'Ultima Esperanza (= dernier espoir).

    Comme hier, je suis attentif aux paysages qui défilent de chaque côté du bus. Je profite également de cette inactivité forcée pour glaner quelques informations supplémentaires sur la vie quotidienne dans la région.

    L'éducation est obligatoire jusqu'à 18 ans. L'université est ensuite très chère au Chili tandis qu'elle est gratuite en Argentine. Comme de nombreuses familles vivent à cheval sur les deux pays, les citoyens peuvent prétendre sous conditions à des cartes de séjour d'une durée initiale de 2 ans et qui peuvent ensuite être prorogées à vie. Les jeunes se rendent donc en Argentine pour étudier.

    Concernant les biens et marchandises, les gens se les procurent dans le pays le moins cher en fonction des fluctuations du taux de change.

      

    Pour en revenir à notre parcours, il emprunte au départ la même route que celle de la veille en arrivant de Punta Delgada mais en sens inverse. La tendance est donc dans un premier temps à la sécheresse puis à la pampa vallonnée. Au fil du parcours, la végétation va à nouveau évoluer, passant des herbes rases à un cadre plus arboré et montagneux.

    Pampa Paysage plus arboré

    Un peu plus loin, on retrouve une particularité signalée en Terre de Feu : les vastes plaines jonchées d'arbres morts ou plutôt de bouts de troncs. On pourrait presque croire qu'une bataille vient de se dérouler dans les parages mais il ne s'agit que de l'oeuvre du vent.

    Plaine désolée

    En fin de matinée, nous parvenons à Puerto Natales, petite ville sise au bord de l'Ultima Esperanza. Nous sommes accueillis par le Milodon, le symbole de la ville et un animal préhistorique aujourd'hui disparu. Sa figuration sur ses deux pattes arrières est aujourd'hui sujette à débat car les archéologues pensent qu'il n'a jamais pu se déplacer à la manière des bipèdes.

    Milodon

    La ville est à taille humaine (20 000 habitants tout de même) et chacune de ses façades présente une teinte différente mais souvent chatoyante. Un vrai patchwork qui n'est pas sans me rappeler quelques villes scandinaves comme Trondheim.

    Puerto Natales Puerto Natales Puerto Natales

    Etant donné son isolement (la route s'arrête à une centaine de kilomètres au nord et ne reprend que 500km plus haut), elle est ravitaillée une fois par semaine par un ferry qui lui fournit une partie de la nourriture en provenance du nord du pays. 

    Après déjeuner, nous pouvons nous balader quelques temps en bordure de mer et profiter d'une vue magnifique sur la rive opposée où des averses soudaines éclatent.

    Ultima Esperanza Ultima Esperanza

    Nous retournons ensuite à l'hôtel pour sélectionner les bagages que nous allons emporter avec nous vers l'estancia de Cerro Rotundo. Peu après, trois 4X4 nous récupèrent pour nous y conduire. Pendant 1h30 à 2h, nous allons longer le fjord pour atteindre notre destination.

    Rapidement notre véhicule se retrouve isolé en tête, nous cherchons les autres mais il n'y a personne à perte de vue. Que s'est-il passé ? Se sont-ils arrêtés photographier les flamants roses que nous avons vus à la sortie de la ville ? En réalité, pas tout à fait. Un des deux véhicules qui nous suivaient est tombé en panne sans que notre chauffeur ne s'en rende compte. Le temps d'aller chercher un véhicule de remplacement et nous nous regroupons. Je demande au chauffeur de régulièrement faire des pauses-photo : ici pour prendre des arbres couchés par le vent, là un des nombreux oiseaux que nous croisons.

    Arbres couchés Faucon

    La piste secoue un peu. Mais à côté de l'Asie Centrale, c'est de la franche rigolade. De temps à autre, nous stoppons pour franchir des limites d'estancias matérialisées par des barrières en bois.

    Limite d'estancias

    En prenant de la hauteur, la vue sur le fjord est à couper le souffle. Le royaume de la nature est si beau !

    Fjord Ultima Esperanza

    La fin du parcours permet de mieux comprendre le recours aux véhicules tout-terrain : nous traversons la boue puis l'eau sans nous douter que cela préfigure la terrible journée de demain.

    A travers la boue ... et l'eau

    En approchant du coeur de l'estancia, nous sommes salués par une patrouille aérienne de flamants roses puis par les troupes équestres.

    Flamants roses Flamants roses Chevaux

    Nous sommes enfin en vue du bâtiment à proximité duquel nous allons passer la nuit. Je suis ravi d'avoir l'occasion de monter la tente pour la première fois de ce voyage. Au fil de mes dernières escapades, cet hébergement est devenu pour moi quelque chose d'indissociable des vacances en pleine nature, permettant de vivre des instants en harmonie avec elle, à l'écoute de son pouls et de ses sons. Et dans ces lieux reculés, je préfère nettement la tente au confort d'un hôtel, c'est ma façon de rompre avec mon quotidien, un de ces prérequis essentiels au succès de mon voyage.

    Notre tente

    A la fin du montage, nous annonçons à tout va la pendaison de crémaillère pour ce soir avec un concerto exceptionnel de lampes-dynamo. Nous partons ensuite pour quelques instants de marche avant le repas. Le cadre me paraît des plus agréables et non un "trou pommé" comme certains pourraient le penser : d'un côté, un massif et de l'autre, le rivage du fjord, quelques chevaux broutant ... L'endroit est paisible et reposant pour une personne comme moi qui vit la majeure partie de l'année dans un univers de béton.

    Le Cerro Rotundo Chevaux

    Nous regagnons ensuite l'estancia pour partager l'asado. Auparavant, Sebastian, le petit-fils du propriétaire, nous présente les lieux et répond à nos questions. Pour la construire, les matériaux de construction ont été acheminés en bateau, la piste que nous avons empruntée n'étant pas une solution envisageable. L'estancia appartient à Raul le grand-père et s'étend sur 4100 hectares. Elle possède à ce jour 125 veaux qui viennent d'être marqués en 4 jours et 100 vaches. Rares sont les veaux qui termineront rapidement leur vie à la boucherie. Aujourd'hui, Sébastian tente de diversifier son activité en ouvrant le domaine familial au tourisme. Cette forme de tourisme ne plaît à priori pas à tout le monde mais le minimum est de la respecter car elle repose sur des valeurs justes. Il lui faudra simplement un peu de temps pour s'adapter aux exigences européennes et adapter les activités qu'il propose. Et de mon côté, je remercie du fond du coeur Sophie, Lorena et leurs collègues qui ont opté pour cette découverte plus proche des locaux et plus distante du tourisme de masse. Je déchanterai certes un peu le lendemain mais je ne reviendrai jamais sur cette opinion.

    Nous terminons la soirée autour d'un mouton et de saucisses. Nous ne tardons pas ensuite à regagner les tentes car le vent souffle bien ce soir. Personnellement, après les premières bourrasques qui secouent la toile, je finis par m'habituer aux rafales et à me laisser aller dans les bras de Morphée.

      


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  • Vendredi 25 mars 2011

    S'il était une seule journée que je voudrais partiellement oublier voire ne jamais avoir vécue c'est bien celle-là. Les mots m'auront au final plus blessé que les faits et je n'étais pourtant pas loin de jeter l'éponge.

    En se levant ce matin, il pleut. Le vent a beaucoup perturbé le sommeil d'une partie du groupe tandis que j'ai parfaitement dormi. Je suis frais et dispo pour cette première journée de marche où je vais enfin pouvoir me dépenser un peu. Pour le moment, le Cerro Rotundo se cache partiellement derrière un voile laiteux.

    Nous laissons à regret derrière nous les trois personnes du groupe qui ne peuvent pas nous suivre. En ces lieux reculés, rares sont les possibilités d'activités annexes même si une bonne volonté en cherchait. Pour tuer le temps, ils ne peuvent donc que marcher un petit peu et attendre notre retour en début d'après-midi en lisant, en écoutant de la musique ...

    Nous partons donc à 7 accompagnés de Lorena, Sebastian notre hôte et Jose, notre guide local pour les prochains jours. J'aurai l'occasion de le présenter plus en détail par la suite. Nous longeons le bord de l'eau et marchons sur un rivage de coquillages. A quelques dizaines de mètres de là, nous entrons dans la forêt et la galère commence : le chemin n'est plus que boue. Un seul pas mal placé et la chaussure est inondée de fange. Un peu de malchance et c'est le tour du genou ! Aucune voie alternative n'est envisageable, l'eau étant trop haute.

    Rivage de l'Ultima Esperanza

    Avec mes grandes enjambées, je parviens tant bien que mal à m'en sortir un bon moment. Mais un autre facteur est à prendre en compte : la flore environnante. C'est à elle que je me cramponne pour garder l'équilibre ou pour le rétablir. Cependant, elle est de nature plutôt hostile, et, une fois sur deux, je me fais piquer ou griffer la peau par de belles épines en tentant de m'y agripper. La randonnée devient une traversée interminable d'un marécage car nous ne savons pas en combien de temps nous allons le traverser.

    Dans les arbustes épineux

    Ma vigilance se relâche et je finis comme les autres les pieds trempes et marinant dans la boue. Après 1h30 de ce régime, je commence à en avoir ras-le-bol et à m'interroger sur l'intérêt de continuer en ne connaissant pas le but de la balade car, si avancer vers un but m'est facile, progresser sans objectif me rend la marche pénible en général.

    Et c'est là, juste avant que le moral et le désir d'avancer ne me lâchent vraiment que la situation va subitement être désamorcée dans mon cas. A l'occasion d'une zone dégagée, nous nous regroupons et constatons que nous en sommes tous au même point de découragement ou d'exaspération selon les personnes. Nous voyons en effet l'estancia à quelques centaines de mètres à peine malgré la durée de notre progression dans le sous-bois.

    Le rivage marécageux

    Nous nous tournons donc vers Lorena pour nous enquérir de la finalité du trajet et décider si oui ou non nous rebroussons immédiatement chemin. Rien que d'entendre la formulation de cette question venant d'une autre bouche que la mienne me permet de me rendre compte à quel point je commençais à faire fausse route et me remotive instantanément.  Je réalise qu'il serait dommage d'abandonner maintenant après ce que nous venons d'accomplir. Je ne viens pas de vivre ce calvaire pour rebrousser chemin, donc, en mon for intérieur, je souhaiterais vraiment continuer à ce moment-là.

    Selon Lorena, le tronçon pénible s'achevant maintenant très rapidement, tout le monde convient de poursuivre les efforts. Mais le mal est fait et quelques esprits échauffés (voire absents de la balade) vont alimenter des rancoeurs qui exploseront dans quelques heures. En quoi Lorena est-elle cependant responsable ? Etait-elle seulement au courant  de l'état du terrain ? Je ne pense pas. Pas plus que Jose ou Sebastian. Si l'on prend un peu de recul, on peut se rendre compte que personne n'est venu dans le coin ces derniers jours puisque Lorena était avec nous, José à Puerto Natales et Sebastian en train de marquer les veaux à l'estancia (cf article précédent). Et comme nous l'avons appris hier soir lors de la conversation autour de l'asado, les gauchos laissent le bétail errer librement la plupart de l'année. Au lieu de rejeter les torts sur l'autre, peut-être aurait-il fallu nous prendre en main et manifester plus tôt notre volonté de retour, non ?

    Nous finissons effectivement par sortir du marécage et nous engouffrer dans les bois.

    Entrée dans le bois Etre différent

    Jose a l'oeil aux aguets et détecte sans cesse des curiosités : rhubarbe, calafate (petite baie), fraises du diable, traces de pumas ...

    Plante Fleur Fraises du diable

    Nous atteignons enfin la partie supérieure du relief et pouvons constater la légère couverture neigeuse que la nuit a laissée sur les sommets.

    Sommet enneigé

    Un peu plus haut, nous aboutissons à un promontoire d'où nous bénéficions d'une vue panoramique sur les fjords environnants.

    Promontoire Promontoire Seno Obstuccion Ultima Esperanza

    Nous déjeunons au bord de la paroi verticale. D'un côté s'étend le Seno Obstuccion, de l'autre l'Ultima Esperanza. J'apprécie ce cadre.

    Pique-nique en bord de falaise Pause maté

    Au loin, une averse avance sur nous mais trop rapidement pour que nous ayons le temps de nous y soustraire bien que nous ayons commencé à rebrousser chemin.

    Avant de rentrer de nouveau dans le marécage, nous surprenons quelques flamants roses et rapaces.

    Flamants roses Faucon

    La traversée en sens inverse de la partie pénible ne suscite pas chez moi le même découragement car à présent, je suis conscient de ce qui nous attend et suis satisfait de ce que j'ai vu en haut.

    De retour à l'estancia, la tension est palpable, des critiques désobligeantes fusent. Je sors à l'extérieur plutôt que d'entendre les plaintes de certain(e)s. Je ne partage pas leur opinion et serais incapable de les raisonner si je m'y mettais alors à quoi bon rester surtout lorsque certains arguments sont injustes ? Peut-être faut-il se poser des questions sur la finalité des voyages d'aventure lorsqu'on n'accepte pas l'imprévu ni les adaptations du programme ? Je ne préfère pas non plus m'exprimer à ce moment-là pour préserver un semblant d'unité dans le groupe. Je rejoins donc Jose et lui explique ce qui se trame à l'intérieur.

    Nous démontons ensuite les tentes à quelques-uns. J'apprends à cette occasion-là qu'un débrief se tiendra ce soir à Puerto Natales en présence de la Directrice de l'agence locale pour désamorcer les tensions. Nous sommes tombés si bas que j'en suis abasourdi. Pas étonnant que les français aient une si mauvaise image dans tant de pays ! Au moment de charger la remorque, je m'excuse en espagnol (puisque personne d'autre dans le groupe ne peut me comprendre)  auprès de Lorena, Sebastian et Jose de ce qui a été dit en leur expliquant que nous ne sommes pas tous comme ça. Tous trois me rassurent : le groupe précédent a apprécié grandement le voyage.

    Lors du retour en 4X4 vers Puerto Natales, je parle de la situation avec P. et D. qui n'ont pas été totalement incorrects eux. Mais nous ne parviendrons quand même pas à envisager les événements de la même façon. Je laisse tomber et partagerai mes sentiments le lendemain avec le chauffeur qui nous conduira vers Puerto Consuelo.

    Malheureusement, je subodorais il y a quelques jours déjà lors d'un mail à mes proches cette différence de conception de certains membres du groupe concernant la définition, je dirais même l'essence, d'un voyage d'aventure. Je ne pensais pas que les faits me donneraient raison à ce point.

    Nous marquons quelques instants une halte au port, à l'entrée de la ville.

    Puerto Natales - Port Puerto Natales - Port

    Puis, Sophie nous accueille à l'hôtel pour le grand déballage. Apparemment, la fronde ne touche pas que les pays du Maghreb et du Moyen-Orient en ce printemps. Mais il faudrait parfois prendre un peu de recul sur ses premières impressions. Lorsqu'on est déçu de ce que l'on a vu depuis quelques jours, doit-on blesser quelqu'un en l'inculpant ? Je comprends très bien la déception car j'ai ressenti exactement la même chose : j'ai eu tort d'idéaliser Ushuaia et la Terre de Feu. Certes c'est joli mais pas aussi extraordinaire que je me l'imaginais. Mais qui est responsable de cet état des choses ? Pas Lorena. Nous ! Et sur le non-respect de notre sacro-saint Programme, nous avons été consultés il y a quelques jours sur le report du cheval pour en faire tous ensemble. Personne ne s'est opposé dans la Baie de Lapataia ou quand Daniel nous amenait à l'estancia de Las Hijas. Alors pourquoi ressortir tout cela avec acrimonie ? Je ne souhaite pas m'étendre davantage, d'autres arguments viendront au fil des lignes ou ont été exposés dans cet article pour montrer qu'ils avaient tort sur la plupart des points.

      

    Face à des propos si désobligeants, je suis vraiment affligé et ai besoin d'aller prendre l'air pour me changer les idées. Cela tombe bien : ce soir, chacun vaque à ses occupations de son côté. Je gagne d'abord le bord du fjord où les couleurs sont grandioses avec ce ciel menaçant.

    Ciel menaçant sur l'Ultima Esperanza Ciel menaçant sur l'Ultima Esperanza

    Je poursuis le long de l'eau jusqu'à une ancienne jetée prise d'assaut par les mouettes.

    Jetée sur l'Ultima Esperanza

    Puis, je traverse la ville patchwork du sud au nord.

    Aujourd'hui aura servi à démontrer que voyager ce n'est pas seulement être un étranger sous d'autres latitudes où personne n'attend rien de nous mais où nous, nous sommes en droit d'avoir des exigences. Plus que de s'ouvrir sur l'autre, le voyage doit permettre de s'ouvrir à et vers l'autre, de tolérer et d'accepter nos différences, la culture de l'autre, sa façon d'être et d'agir à défaut de les comprendre. Pour nous tous, le chemin à parcourir est encore long quand on pense à ce 25 mars et d'aucuns ne le trouveront probablement jamais.

    Je terminerai sur une phrase de Nicolas Bouvier : "On se croise en chemin sans toujours se comprendre, et parfois le voyageur s'impatiente; mais il y a beaucoup d'égoïsme dans cette impatience-là." A méditer !

      


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  • Samedi 26 mars 2011

    Nous quittons Puerto Natales, ville de 20 000 habitants créée en 1911, pour une estancia à proximité où nous allons faire du cheval pendant 2h. Un chauffeur agréable vient nous prendre devant l'hôtel pour nous y conduire, l'activité étant non accompagnée par Lorena. En quittant la cité par la route, nous longeons le fjord. La lumière dorée sur les sommets magnifie la beauté matinale du paysage. 

    Fjord Ultima Esperanza

    Je suis assis devant à côté du chauffeur. Je profite à fond de sa connaissance de la région et d'un interlocuteur hispanique pour un "cours particulier". Il apprécie de prendre son temps pour nous laisser photographier la nature, les aigles ou un caracara.

    Caracara Aigle Paysage

    Nous atteignons avec émerveillement l'estancia Puerto Consuelo dont le nom réfère à la femme du fondateur. Le cadre est sublime. Cette estancia a été créée en 1894 et s'étend sur 5000 hectares. Elle abrite des moutons et 22 chevaux pour les touristes. Comme de nombreuses autres exploitations actuelles, elle a été partagée entre 3 frères. Dans ce type de situation, le bâtiment principal dédié à la tonte des moutons reste indivisible.

    Puerto Consuelo Puerto Consuelo

    Gustavo le patron et Fernando le gaucho nous accueillent, nous fournissent quelques consignes puis nous accompagnent pendant la balade. Ils se sont tournés depuis 9 ans vers le tourisme plutôt individuel que collectif.

    Mon cheval s'appelle Cherokee. Il sera globalement assez calme, moi un peu moins à deux reprises. J'arrive néanmoins à prendre des photos et à profiter à fond du cadre dans lequel nous évoluons : un paysage de lacs, de rivières et de collines.

    Cherokee et moi Puerto Consuelo Puerto Consuelo   

    Je pense que nous avons tous été charmés par les lieux et suis sûr que, rétrospectivement, cet accroc au programme a satisfait tout le monde. Sur la fin du parcours, nous avons même la chance d'assister à un ballet de condor.

    Puerto Consuelo - Condor Puerto Consuelo

    De retour à l'estancia, Lorena et Jose sont arrivés et nous attendent. Nous reprenons la route pour rejoindre Cerro Castillo. 

    Première vue sur le Paine

    A l'origine, il s'agissait d'une simple estancia autour de laquelle s'est greffé un village à la frontière avec l'Argentine. Chacune des voies de communication de la localité est baptisée avec un nom référant au monde des gauchos et des estancias.

    Entrée à Cerro Castillo Cerro Castillo - Noms des rues

    Nous nous rendons pour commencer sur un vaste terrain où se tient, au mois de février, un grand festival de gauchos et de rassemblement de moutons. Celui-ci consiste à l'aide de deux chiens à guider quelques ovins sur un parcours semé d'embûches. Tout écart est sanctionné par une pénalité.

    Terrain pour le festival gaucho

    Nous gagnons ensuite la medialuna, un jeu typiquement chilien se tenant dans une enceinte de rodéo en forme de croissant (d'où son nom). L'objectif est la capture d'un veau par deux cavaliers sans toucher l'animal.

    Medialuna

    Nous rencontrons enfin Raul qui nous initie à son métier et à l'histoire des lieux. A l'origine, le domaine faisait 125 000 hectares qui ont été démembrés dans les années 70 au cours d'une réforme agraire. Les familles des travailleurs de l'exploitation ont alors pu acquérir des terres. Jusqu'en 1977, Raul père va acheter 4 700 hectares. Lui qui était dresseur de chevaux durant l'été, va à présent travailler à son compte. Aujourd'hui, la famille possède 8 000 hectares après avoir racheté des terres aux voisins. Elle y élève 8 000 moutons, 600 vaches, 80 chevaux et 80 chiens !

    Raul fils

    Nous commençons la visite par le hangar commun à tout le village. C'est un des plus grands de la région. Il possède 36 tondeuses et peut abriter jusqu'à 2 500 moutons simultanément. La veille de la tonte, ils sont rassemblés à l'intérieur pour que leur laine sèche avant la coupe. Puis des comparsas, manoeuvres agricoles se déplaçant d'une estancia à l'autre, viennent tondre. Ici, sur une journée, 180 à 200 moutons peuvent passer entre les mains d'une seule personne. En Terre de Feu, le rythme peut passer à 250 animaux/jour/personne, la nourriture étant différente.

    Hangar de tonte Hangar de tonte

    La laine est ensuite étalée et frappée pour séparer les différentes qualités. Puis, elle est mise dans une compacteuse. Comme tout l'outillage de toutes les estancias, elle est de conception anglaise, de la première moitié du siècle dernier.

    Machine anglaise

    La compacteuse permet de fabriquer une balle de 250 kilos à partir d'une soixantaine de pièces de laine.

    Balle de 250 kilos

    Cette année, Raul fils a produit 180 balles qu'il va pouvoir exporter au prix de 4€ le kilo. La laine peut être vendue un peu plus cher si elle vient de femelles qui attendent des agneaux mais le risque est alors de perdre l'animal en cas de froid hivernal. Les cours sont par contre bas entre novembre, juste après la tonte, et janvier car la laine est alors très abondante sur les marchés.

    Dans l'estancia, les moutons sont répartis en 4 groupes : les mâles reproducteurs, les femelles reproductrices, les femelles de moins de 18 mois - futures reproductrices et les animaux destinés à l'autoconsommation de la famille. Pour les ovins, il faut compter 3 mâles pour 100 femelles. Pour les bovins, 1 mâle pour 50 femelles.

    Avant de sortir du hangar, Raul nous parle de l'avenir : il ne souhaite pas que son fils suive sa voie et l'envoie donc à l'école à Punta Arenas. Mais la nature et le cheval attirent plus le jeune garçon que la lecture et les chiffres ...

    Nous assistons enfin à une démonstration de dressage de chiens. Comme j'en parlais il y a quelques paragraphes, Raul va bientôt prendre part à un concours où 6 moutons sont guidés sur un parcours par deux chiens. Chaque mouton représente 6 points et l'éleveur reçoit une pénalité à chaque fois que l'un de ses chiens mord un animal ou coupe le troupeau. Dernièrement, il a terminé 2nd sur 40 d'un concours à Rio Grande. Son père s'est classé 3ème.

    Pour rabattre les moutons, il lui "suffit" d'appeler par leur nom ses chiens de race australienne. Avec deux ou trois mots, il leur indique de s'approcher ou de s'éloigner du troupeau, ou encore de rester immobiles.

    Dressage des chiens

    Juste avant de partir, nous voyons surgir Raul père à cheval, un "vrai" gaucho assurément !

    Raul père Raul père

    Pour terminer la journée, nous rejoignons notre premier Parc National Chilien : celui du Paine (prononcer "Pa-i-né"). A son approche, nous croisons tout d'abord le lac Sarmiento  du nom d'un ancien Président argentin. Il mesure 22 km de long et est le plus grand lac du Parc. Il est alimenté par l'eau de pluie ou de sources uniquement et n'a aucun débouché naturel : c'est un lac fermé.

    Lago Sarmiento Lago Sarmiento

    Nous croisons également des ñandus et un groupe de guanacos. Ces derniers animaux vivent toujours en groupe de 5 à 20 individus et se nourrissent exclusivement d'herbes rases. Leur gestation dure 11 mois et un nouveau petit peut être conçu dès la naissance du précédent.

    Nandu Guanacos

    Nous parvenons ensuite à une belle étendue d'eau turquoise : la laguna Amarga. De son centre, on aperçoit déjà très nettement les Torres.

    Laguna Amarga

    L'entrée du Parc est alors toute proche, juste après une dernière estancia. Pendant que le chauffeur s'acquitte d'une taxe, nous découvrons les méandres du fleuve Paine (mot qui signifie "bleu" en langage autochtone) et les deux ponts que nous allons traverser pour rejoindre le campement. Le second est particulièrement étroit : notre véhicule passe à peine.

    Fleuve Paine Pont étroit

    Le Parc National Torres del Paine a été créé en 1959 et appartient à la Réserve de la Biosphère de l'UNESCO depuis 1978. Il sert ainsi d'étalon pour mesurer les impacts de l'homme sur l'environnement. Sa superficie totale est de 181 414 hectares et même 227 298 si l'on inclut le terrain privé qui en fait partie et que nous traverserons demain.

    Arrivés au camping, nous installons la tente puis nous retrouvons tous sous le dôme-tente mess pour partager le repas. Cette structure a été louée à la saison par Nunatak, l'agence locale.

      


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  • Dimanche 27 mars 2011

    Seconde nuit de camping. Ce matin, il a également neigé sur les sommets. La journée va être dédiée à une randonnée jusqu'au Mirador de las Torres.

    Neige sur les sommets

    Nous laissons derrière nous deux personnes qui ne peuvent monter mais le coin est un peu moins isolé qu'il y a quelques jours et il semble possible de trouver des activités ou d'autres balades dans les environs (j'en ferai l'expérience le soir même). Nous sommes accompagnés de Lorena et Jose que je vais apprendre à bien mieux connaître aujourd'hui. Avec 15 ans d'expérience en tant que garde forestier dans ce parc, il connaît la région comme sa poche. Et il possède en outre une seconde casquette : c'est un archéologue de renom qui a participé aux fouilles sur le Milodon. Marcher avec lui en queue de groupe puis en tête aujourd'hui va s'avérer extrêmement enrichissant !

    En avant !

    En gagnant de la hauteur, nous apercevons toujours plus de lacs et au premier rang, le Nordensköld et le Larga.

    Laguna Nordensköld

    De l'autre côté du précipice, une barre rocheuse striée noire et grise attire mon attention. Il s'agit d'une formation géologique issue du fond du Pacifique, constituée par conséquent de fragments de coquillages, de bivalves, de crustacés ...

    Formation géologique du fond du Pacifique

    Continuant sur l'archéologie/géologie, Jose enchaîne sur la Cueva del Milodon que nous n'aurons pas le temps de visiter faute de temps. Il s'agit d'un complexe de trois grottes : 1 petite, 1 moyenne et ... 1 grande (comment aviez-vous deviné ?). Dans la petite et la grosse ont été mis à jour des ossements du Milodon, un herbivore préhistorique disparu il y a 10 000 ans : fémur, omoplates, côtes, sternum ... Dans la moyenne furent découverts les restes d'hommes primitifs. A l'époque, la région était peuplée de nombreux animaux tels que la panthère, un lama "avec une trompe", un grand renard ou le tigre à dents de sabre. Aujourd'hui de nombreuses inexactitudes sujettes à controverses dans le milieu scientifique circulent sur le Milodon : il ne se déplace qu'à 4 pattes car il n'y avait que de l'herbe à l'époque. Les arbres sont apparus plus tard et leur absence conjuguée à l'appauvrissement du sol pourrait être une des raisons de la disparition de ce grand herbivore. De même, il n'aurait jamais été chassé par l'homme car ceux-ci ne sont apparus que sur la fin de la période des Milodons.

    Après la partie dégagée et aride, nous entrons dans une zone plus boisée et parlons du Parc. 15 gardes forestiers y travaillent à la prévention des incendies, au marquage des arbres, au déblaiement des sentiers ... Il n'est pas nécessaire de rouvrir totalement les sentiers après l'hiver car les dommages sont minimes. Par contre, tous les 4 ou 5 ans, le niveau du fleuve Ascensio que nous longeons augmente fortement, inondant le sentier et emportant quelques ponts et passerelles en bois.

    Rio Ascensio Passerelle en bois Forêt

    A l'origine, le Parc s'est constitué autour du lac Grey. En 1970, un italien amoureux des paysages, Guido Monzino, lui a fait don de toutes ses terres. Aujourd'hui, il atteint la superficie indiquée à l'article précédent mais il subsiste en son sein une réserve privée qui perçoit une part des recettes du Parc en contrepartie de la libre-traversée. Nous sommes justement passés à travers celle-ci.

    A un peu moins d'une heure du sommet, le chemin se divise : une branche part vers le campement Torres, une autre vers le Mirador. 3 personnes partent avec Lorena dans la première direction. Il s'agit d'un campement de 100 à 200 places. Il faut un permis pour aller au-delà vers le campement Japonais qui n'est ouvert qu'aux alpinistes. Jose, 4 personnes et moi prenons l'autre direction. La pente se fait plus raide à travers la forêt puis la moraine.

    Forêt et moraine vers le Mirador

    Au sommet, j'ai la bonne surprise de découvrir un petit lac glaciaire au pied des Torres (quand je disais que je ne me renseignais pas avant de partir ...). Les Torres del Paine sont constituées de trois tours : sud, centrale et nord. La plus haute atteint 2850m. Nous avons de la chance aujourd'hui car elles vont totalement se dégager pendant les 30 à 40 minutes que nous avons passées là-haut. A leur pied sur la gauche, le glacier éponyme et à leur droite, le Nid des Condors.

    Glacier du Paine Torres del Paine

    De l'autre côté de la vallée, des versants désolés dont une seule face a dû essuyer des rafales de neige.

    Versant partiellement enneigé

    En redescendant, Jose a une nouvelle fois l'oeil partout : sous les fougères il trouve une baie sauvage, nous montre ici un champignon original, là du lichen trompette. Un peu plus loin,  il repère coup sur coup un petit oiseau jaune, une jeune chouette peu farouche, du pain indien et un troisième volatile.

    Lichen trompette Oiseau jaune Chouette Pains d'indien Oiseau

    Autour de nous, l'environnement étale sa grandeur et sa puissance : que ce soit cette rivière-cascade se frayant un passage sur les flancs de la montagne ou ce glacier s'agrippant sur le sommet de l'Almirante Nieto, chacun modèle à son rythme le paysage de demain.

    Rivière-cascade Glacier sur l'Almirante Nieto

    Avant d'entamer la dernière partie de la descente, nous repérons sur un éboulis un renard immobile qui, peu après, se redresse.

    Fleuve Ascensio Renard

    Je termine la descente en échangeant avec Jose sur ses conditions de travail. Même si sa rémunération est dans la moyenne locale, il y a encore du chemin à faire pour être vraiment en phase avec le tourisme équitable que l'agence française nous vend. Certaines pratiques sont vraiment révoltantes ! (ça y est, je m'y mets moi aussi ! Décidément ce printemps ...)

    Retrouvant notre tente vers 16h, je ne peux concevoir ni me contenter de me reposer, je repars donc pour une petite marche supplémentaire autour du sentier didactique. Celui-ci présente la flore du parc et est l'occasion de croiser quelques lièvres et chevaux.

    Lièvre Calafate Glacier de l'Almirante Nieto

    Après une douche bienvenue, une nouvelle journée s'achève sous le dôme-tente mess.

      


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  • Lundi 28 mars 2011

    La dernière nuit sous la tente s'achève et notre dernier jour au Parc del Paine démarre. Aujourd'hui, nous allons le traverser de part en part jusqu'à rejoindre le lac Grey. De là, nous embarquerons sur un catamaran pour découvrir le glacier de même nom. Jose nous quitte ce matin : il rentre à Puerto Natales en bus de ligne.

    Notre chauffeur nous arrête auprès de guanacos que nous pouvons approcher à loisir mais, sauvages, ils finissent toujours par déguerpir. Ils constituaient la principale nourriture des Tehuelches avec les baies. Des peintures rupestres datant de 6000 à 7000 ans en témoignent. Ces indiens ont ensuite disparu avec l'arrivée des européens qui les ont déplacés vers le sud puis exterminés par les maladies et l'alcool.

    Les guanacos vivent en troupeau avec 3 ou 4 mâles dont un dominant. Positionné sur les hauteurs, ce dernier guette le danger et crie le cas échéant. Avec l'arrivée de l'hiver et du froid, ils descendent à des altitudes un peu plus basses.

    Guanacos Guanacos

    Au loin, le massif du Paine est enjambé par un, puis deux arcs-en-ciel.

    Massif du Paine et arc-en-ciel

    Nous aboutissons ensuite devant le Nordensköld. Son appellation renvoie à un botaniste et glaciologue suédois ayant accompli des recherches dans la région. De là, l'intégralité du Paine est visible. De gauche à droite : le Grande, les Cuernos, l'Almirante Nieto et les Torres. Les Cuernos (=cornes) sont également au nombre de trois et sont bicolores : la surface noire correspond à de la roche sédimentaire tandis que la grise est du granite. La première s'érode avec le temps. Quant au Nieto, il est partiellement recouvert d'un glacier qui descend sur ses flancs et dont j'ai présenté quelques photos précédemment.

    Paine et Nordensköld Paine et Nordensköld

    Un ensemble de petits lacs se trouvent à proximité immédiate : les lagunas Las Mellizas. Agités par le vent, de nombreux moutons parcourent leurs surfaces.

    Lagunas Las Mellizas

     

    Nous effectuons un crochet jusqu'à la cascade du Salto Grande. L'eau du fleuve Paine s'y écoule en provenance du Nordensköld et vers le lac Pehoe, plus bas. La chute est précédée de rapides bouillonnants. Le lieu est magnifique et reposant avec le massif en arrière-plan. 

    Salto Grande - chute Salto Grande - rapides

    Nous reprenons la route en direction de l'administration du Parc, le CONAF. Ce faisant, nous suivons la rive du lac Pehoe (=caché en langage indien). Le 1er hôtel du Parc se trouve sur une de ses îles et fut construit dans les années 60. Quant à la couleur de son eau, elle est due aux sédiments issus des glaciers qui y sont en suspension car trop légers pour couler au fond.

    Lac Pehoe

    Selon leur profondeur et l'orientation de la lumière, la couleur des lacs change au sein d'une large palette comme nous avons pu le voir dans ce Parc en l'espace de deux jours.

    Par ici, la végétation se fait plus dense avec la présence d'arbustes, ce coin du Parc étant plus arrosé.

    Au bout du fleuve Paine, l'eau aboutit au lac Toro, le plus grand de la région mais majoritairement en dehors du Parc. Sa profondeur est de 300m. La rivière Serrano en sort pour se jeter dans le Pacifique.

    En progressant vers l'ouest, une autre chaîne montagneuse apparaît : il s'agit de la Cordillère des Andes. Elle est apparue il y a 35 millions d'années contre 12 millions "seulement" pour le Paine qui en est distinct. Les deux massifs abritent quelques grottes rupestres dispersées.

    En début d'après-midi, nous atteignons le lac Grey. Le bateau ne partant que dans plusieurs dizaines de minutes, nous faisons un petit tour sur une de ses plages. De l'autre côté, un immense iceberg fond lentement.

    Lac et glacier Grey Lac Grey

    La navigation dure 3 heures : 1h aller, 1h sur place et 1h retour. Le lac mesure en effet 17km de long sur 5km de large au maximum. Sa profondeur maximale est de 550m à proximité du glacier. L'eau, à 2 ou 5°, ne contient pas de poisson mais de petits organismes qui n'ont pas besoin d'effectuer la photosynthèse.

    Régulièrement des icebergs se détachent du glacier et mettent 3 à 5 jours pour traverser le lac. Parvenus à l'opposé, ils fondent en 2 ou 3 mois. Petit aperçu de quelques-unes de ces oeuvres d'art sculptées dans la glace par les éléments.

    Iceberg Iceberg plus petit Iceberg plus petit Iceberg Iceberg

    Nous finissons par atteindre le front du glacier. En fait, il n'y en a pas un seul mais 3. Actuellement le glacier recule de 50m par an. Son front s'élève entre 25 et 35m au-dessus du niveau de l'eau et sa langue s'étale sur 27km de long et 4km de large ! Le Grey fait partie des glaciers les plus australs du Campo de Hielo Sur. Il s'agit d'une immense calotte de 400km de long depuis laquelle descend aussi le Perito Moreno en Argentine. La constitution de cette calotte débute sur les hauteurs de la Cordillère des Andes. Les nuages viennent s'y accrocher et y déversent en permanence quantité de neige fraiche. En se compactant, elle alimente les glaciers. Côte chilien, ceux-ci descendent jusqu'au Pacifique. Côté argentin, ils donnent naissance aux lacs. La calotte Hielo Sur est, avec ses 14 000 km², la 3ème réserve d'eau douce de la planète. Aujourd'hui tous ses bras sont malheureusement en repli excepté le Perito Moreno qui est stable voire parfois en progression.

    Glacier Grey - Front Glacier Grey - Front Glacier Grey - Front Glacier Grey - Front Glacier Grey - Front Glacier Grey - Front Glacier Grey - Langue Glacier Grey - Langue Glacier Grey - Langue

    La forme particulièrement accidentée ou plane de la partie supérieure du glacier est déterminée par la surface du terrain et est également modelée par le vent.

    Personnellement, je suis époustouflé par la majesté de ce glacier, la profondeur et les nuances de "ses bleus", son imposante stature et sa puissance incommensurable. Il n'y a qu'à regarder pour s'en convaincre les plis ou fractures dans les falaises environnantes : les roches sont pliées comme de simples fétus de paille. Ce face-à-face est vraiment magique, une des plus belles visions avec les surprenants paysages d'Asie Centrale qui m'ont tant marqués.

    Plis et fractures Plis et fractures

    De retour au débarcadère, nous voyons deux condors perchés sur un pan de falaise. Rares auront été les apparitions de ce roi des Andes au cours du séjour : 3 ou 4 tout au plus.

      

    Nous quittons le Parc par le lac Toro. Il est alors plus de 18h, beaucoup trop tard pour parvenir à temps à la Cueva del Milodon comme on nous l'avait annoncé. Tant pis puisque Jose m'en a parlé. Nous retournons une dernière fois à l'hôtel de Puerto Natales, mon esprit est encore émerveillé par le glacier Grey dont je me repais à satiété dans ma tête.

    Dernier aperçu du Massif du Paine Lac Toro

     


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