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Découverte express de Buenos Aires
Dimanche 20 mars 2011
Après une escale à Madrid et une demi-journée de vol à bord d'un avion d'Aerolineas Argentina, nous (je voyage avec un groupe) atterrissons en début de matinée à l'aéroport international Ezeiza de la capitale argentine, Buenos Aires. Celui-ci se trouve à 35km du centre mais Eugénie, la guide locale, nous récupère pour le transfert et pour nous déposer à l'hôtel. Nous y retrouvons les deux derniers membres de notre groupe qui sont arrivés un peu plus tôt. Buenos Aires est une ville de 3 millions d'habitants située au nord-est du pays. Nous allons la visiter pendant une journée avant que le "vrai" voyage ne démarre demain en Patagonie.
La fourgonnette est progressivement absorbée par une mégalopole tentaculaire. En plus des habitants de la capitale (les porteños), 10 millions de personnes vivent en banlieue soit environ un tiers de la population totale du pays. De part et d'autre de la voie d'autoroute s'étendent de vastes bidonvilles ou quartiers pauvres où s'entassent les immigrants venus de Bolivie, d'Uruguay, du Paraguay ...
Buenos Aires s'étend sur 200km² et comporte quelques 47 quartiers empruntant souvent le patronyme de leur principale église. Le saint patron de la ville est St Martin de Tours. Selon la légende, les fondateurs de la ville se réunirent en 1580 pour choisir un saint protecteur. Un premier tirage au sort donna St Martin de Tours. Un tel nom à consonance fort peu hispanique fut rejeté et un second tirage au sort eu lieu. Mais le nom de St Martin ressorti une seconde fois et il devint ainsi patron de la capitale argentine.
Parvenus dans le centre-ville, nous sommes marqués par les déchets qui jonchent les rues. Notre guide les justifie par l'absence de passage des éboueurs le dimanche. Un autre élément plus agréable attire l'attention : l'omniprésence de la verdure. La plupart des rues sont bordées d'arbres. Nous sommes déposés à l'entrée de l'hôtel dans le quartier de Recoleta ainsi nommé en l'honneur des frères Récollets, des religieux proches de St-François, installés dans la zone au début du XVIIIème. Après avoir déposé les bagages, nous partons immédiatement pour une découverte express de la ville.
La première halte est marquée sur l'avenue du Président Figueroa Alcorta au pied d'une structure d'acier et d'aluminium pour le moins originale : la Floralis Genérica.
(cliquer sur les images pour les agrandir)
Cette sculpture domine la place des Nations Unies du haut de ses 20 mètres. Cette oeuvre de l'architecte argentin Eduardo Catalano pèse 18 tonnes et peut être mise en mouvement par un système hydraulique et des cellules photovoltaïques. Ainsi, les pétales s'ouvrent tous les matins à 7h30 et se referment à 20h30. Lors de jours exceptionnels comme Noël, la fleur reste ouverte pendant 24 heures d'affilée. Sur un des bords de la place, un bâtiment de type soviétique se dresse : la fac de droit. En argentine, l'accès aux études supérieures est gratuit pour tous.
Nous couvrons ensuite le quartier de Palermo dans notre minibus. Il s'agit d'un quartier cossu où vivent les intellectuels (avocats, journalistes, hommes politiques et personnel diplomatique) et les artistes (producteurs de cinéma, acteurs ...). Les habitations sont plus bourgeoises. C'est le plus grand quartier de la capitale.
Un peu plus loin, nous atteignons la Place d'Iran et sa colonne de Perséopolis, un don du régime des Mollahs.
Le dernier arrêt avant la première visite concerne un monument sur l'avenue du Libertador dédié à Evita Peron, la femme d'un ancien Président qui a beaucoup agit envers les pauvres. Aussi fait-elle l'objet d'une grande affection dans son pays.
A proximité, un arbre au tronc enflé que notre guide qualifie d'arbre bouteille car il stocke l'eau. La femelle donne des fleurs roses tandis que le mâle donne des fleurs blanches.
Notre première visite nous conduit dans le cimetière de Recoleta, pendant argentin de celui du Père Lachaise à Paris. Créé en 1822 à partir de l'ancien jardin potager de l'église del Pilar, il s'étend aujourd'hui sur 6 hectares et abrite quelques 5000 tombes. Pour la plupart, il s'agit de personnes célèbres ou de familles de haut rang (politiques, militaires ...). Les caveaux sont tous monumentaux. Souvent une baie vitrée permet d'apercevoir l'intérieur : une rangée de cercueils ou un escalier étroit descendant dans le caveau. Une partie de ces sépultures n'est plus entretenue aujourd'hui faute de moyens financiers suffisants mais l'usage veut que la concession demeure entre les mains de la même famille tant qu'il reste des descendants encore en vie et quel que soit l'état du tombeau. Suite à la crise économique, certaines personnes ont toutefois décidé de céder leur caveau pour renflouer leur caisse, voire de pratiquer un étrange commerce : un tombeau peut être loué le temps d'un enterrement pour la modique somme de 70 000 pesos ! C'est un moyen pour les locataires d'intégrer la haute société portenienne mais à condition de libérer les lieux le lendemain.
Nous avons marqué une halte plus prononcée face à deux tombes :
- La première est celle de Rufina Cambaceres qui a eu une catalepsie (perte de motricité, la personne reste dans sa position d'origine). La croyant morte, son entourage l'a faite enterrer. Lorsqu'elle retrouva ses capacités, elle était sous terre mais a tout de même réussi à refaire surface au cours d'une nuit. Malheureusement pour elle, le cimetière était fermé à cette heure et elle finit par mourir pour de bon. Son corps fut retrouvé le lendemain.
- L'autre tombe est celle d'Evita Peron dont le corps a été embaumé pour être disposé plus tardivement dans un mausolée qui n'a jamais été construit. Elle a également bénéficié d'un hommage national sans être Présidente. Sa dépouille a également beaucoup voyagé jusqu'en Europe pour la protéger de factions rivales qui se disputaient les rênes du pays. C'est pour cela que la plaque indique Duarte et non pas Peron.
Nous poursuivons par une autre institution de Buenos Aires, la café Tortoni qui a été ouvert ses portes en 1858. L'intérieur est pompeux avec colonnes de marbre et plafonds en stuc ou en vitrail, les photos des personnalités qui l'ont fréquenté ou encore un petit théâtre aménagé.
La majeure partie de la ville ayant été parcourue en minibus, je mets de côté pour le moment les principaux sites que nous avons vus ensuite pour deux raisons : les décrire ici alors que nous ne les avons vus que superficiellement me paraît déplacé et nous sommes revenus à Buenos Aires en fin de séjour, j'ai pu à ce moment-là parcourir plus longuement à pied ces différents lieux. Je me limiterai donc pour finir la description de la matinée aux deux derniers lieux que nous avons découverts : la Place de Mai puis le quartier de la Boca.
La Place de Mai abrite plusieurs édifices de premier plan de la capitale. C'est là que se réunissent les Mères de mai pour tenter d'obtenir des nouvelles sur le devenir de leurs fils disparus sous la dictature. Elle est par contre occupée au moment où nous la découvrons par les anciens combattants des Malouines qui souhaitent une revalorisation de leur pension. Elle est bordée à l'ouest par la Casa Rosada, le Palais de la Présidence pendant la semaine. Le week-end, la Présidente se rend en effet à El Calafate, notre dernière escale en Patagonie. Ce Palais est construit à l'emplacement d'un ancien fort de Buenos Aires sur un site choisi par Juan de Garay, un des fondateurs de la ville.
Au sud, la cathédrale Metropolitana dont la construction démarra en 1753 et qui est renommée pour abriter le mausolée du général San Martin, le père de l'indépendance argentine. Après avoir passé une partie de sa vie en Espagne, il s'est éteint en France à Boulogne-sur-Mer.
Enfin, le dernier édifice d'intérêt est la mairie de Buenos Aires qui mélange les styles : colonial et européen, religieux et administratif...
Du centre historique de Buenos Aires, nous gagnons un quartier pour le moins atypique du sud de la ville : (la République de) la Boca. Son essence se résume à quelques rues aux façades multicolores dont Caminito en est le point d'orgue. Aux alentours, tous les restaurants proposent des démonstrations de tango pour attirer le chaland. La Boca est un quartier italien pauvre et le berceau du tango, né dans une de ses rues au siècle dernier.
La visite guidée se termine là. Nous sommes redéposés à l'hôtel et libres d'organiser l'après-midi comme bon nous semble. Nous déjeunons d'une première viande argentine. Cependant il convient de signaler que celle de la capitale n'a que peu à voir avec celle de la Patagonie que nous allons découvrir d'ici quelques jours. Nous nous scindons ensuite en plusieurs groupes entre ceux qui veulent ou doivent se reposer et ceux qui souhaitent continuer l'exploration de la ville. C'est un peu pour ça qu'on est là après tout, non ?
Nos pas nous mènent dans un premier temps au pied du cimetière de la Recoleta où se tient un marché aux puces dominical et où les habitants du coin viennent se détendre. De l'autre côté de la chaussée se dresse la statue d'un ancien Président, Alvear, qui dirigea l'Argentine pendant une période particulièrement prospère.
En longeant l'immense avenue del Libertador, nous parvenons ensuite à la Tour Monumentale. Son ancien nom de Tour des Anglais fut changé suite à la guerre des Malouines.
Accablés par la chaleur et la soif, nous reprenons enfin la route de l'hôtel. Toutefois, l'heure n'étant pas encore suffisamment avancée, nous repartons à trois pour un extra et poussons jusqu'à l'église Nuestra Señora de Guadalupe.
La première journée se termine sur cette dernière promenade. Cependant, force est de reconnaître que pour moi elle n'était qu'une transition en attendant notre vol pour la Patagonie demain matin. Le véritable voyage, celui qui m'a conduit si loin, ne fera alors que commencer.
Tags : buenos aires, caminito, casa rosada, recoleta
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